Merci
Par Constant le mercredi 23 décembre 2009, 18:56 - Analyse - Lien permanent
On prend quelques vacances et tout s'éclaire. Maintenant que je
n'ai plus à supporter tout ce que je déteste, je m'en fous et je
comprends comment j'ai pu faire pour ça pendant si longtemps. Je
comprends surtout tous les moralistes du bon sentiment qui m'en veulent
de ne pas supporter ce qu'ils supportent eux-mêmes – belle tolérance
que voilà ! En réalité ils ne supportent rien, ils s'en foutent
seulement. Comme c'est pratique et reposant de faire mine d'acquiescer
à ce qu'on ignore !
Il y a plus d'acceptation dans mes
vitupérations haineuses que dans leur inconscience, car lorsque je
hais, je suis plus proche du réel que quand ils aiment… leur amour est
formel (les étrangers en soi, les minorités opprimées en soi…
mais les étrangers véritables, qu'on croise dans la rue, rue de
Marseille à Lyon, à Bordeaux Nord, à Chapelle ou dans les quartiers du
Nord de Marseille ? Mais le refus de s'intégrer, la volonté de donner
honte à la majorité qui refuse d'en accepter plus tandis qu'elle n'a
rien demandé, ça c'est autre chose…)
Qu'on touche deux mots de
la culture arabe pour dire que c'est quelque chose de merveilleux, et
on acquiescera. Qu'on dise autre chose, même avec grande modération et
retenue, et on se récriera sur l'air de l'évidence : mais enfin, ce dont vous parlez n'existe pas.
C'est qu'on joue les Arabes en soi contre les Arabes réels quand le
réel est moche, mais quand on croit voir quelque chose de bon dans les
Arabes tels qu'ils sont ou même dans l'idée qu'on s'en fait, là les
portes sont ouvertes à toutes les gâteries baveuses. Étrange réalité
qui ne supporte que d'être louée, et pas flétrie ! Soit les choses sont
bonnes et alors elles existent, soit elles ne le sont pas, et sont
alors illusoires, et toute idée de jugement est rejetée. Juger l'autre
autrement qu'en bien ? Mais enfin, vous n'y pensez pas ! Dire du bien de ce qu'on ignore, ça par contre…
Ces sagouins malfaisants qui n'aiment rien et prétendre aimer tout pervertissent tout usage positif du concept de tolérance et rendent les gens honnêtes, aux prises avec le réel, coupables d'intolérance – et avancent même l'explication : c'est parce qu'ils ne connaissent pas l'autre ! Réjouissant foutage de gueule… car oui, aujourd'hui, je m'en fous. Ayant ainsi accablé d'autres de leurs propres turpitudes, il leur est loisible de prétendre aimer ce qu'ils méconnaissent, et de détester ceux qui seraient coupables de ne pas aimer assez un réel que ceux-ci, précisément, connaissent.
Je comprends la force de la bourgeoisie : un peu d'espace entre soi et les autres, plus de promiscuité repoussante, ils sont indiscernables les recoins puants du réel : les étrangers malfaisants, les connards malappris et les futurs repris de justice sont loin, presque irréels. Les curés du bon sentiment, cloîtrés dans leur amour d'eux-mêmes, dans leur amour vide de l'autre, loin aussi. Je ne pense même plus à la France, de toute façon telle qu'elle est elle peut bien finir de crever, qui s'en soucie ? Il n'y a plus rien ou presque à sauver. On aime les mangas, Euro Disney, Moby plutôt que La Fontaine ou saint Augustin ? Pas mon problème.
Ceux qui doivent être sauvés se sauvent eux-mêmes, au détour d'une lecture, d'un film ou d'une rencontre. Les pourceaux continueront pourtant à jouir de leurs excrétions et à prendre cela pour un bain d'ambroisie, l'époque est ainsi faite que c'en est fini du catholicisme, qu'on est contraints au jansénisme voire au protestantisme, c'est la porte étroite et tant pis pour les damnés qui erreront devant le seuil – d'ailleurs ils errent en riant, c'est la damnation fun, d'autant qu'ils croient être sauvés lorsqu'ils se perdent, alors, que demander de plus ? C'est le symptôme du condamné qui profite du sac de jute qu'on lui serre sur le cou pour finir sa nuit tranquille. De ça aussi je m'en fous.
C'est facile d'être heureux : il suffit d'être un peu loin des autres. Alors merci à vous qui laissez détruire la culture qui vous a élevé au-dessus du niveau votre anus, merci à vous, venus d'ailleurs ou d'ici, bloqués à ce niveau sans espoir de rémission, qui la pillez en lançant des rires fous, merci à vous qui avez conscience de tout ça et qui ne dites rien, et empêchez d'autres de parler, pour ne pas « attiser la haine », merci à vous tous, parce que moi, pendant ce temps, je profite du cadavre, le cœur léger, et que je me branle à vrai dire de toutes vos mascarades. Je suis chez moi, et vous, vous, vous êtes ailleurs. Merci.