Carnets de grenier

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 21 février 2010

M.C.

Tant qu'y a du gazon, ça joue.

Ah la beauté sournoise ! La petite chose aux yeux bleus rayonnants, sans effets ni fanfreluches l'avait bien saisi par les couilles. Il n'avait pas eu même le temps de l'entreprendre, ni de savoir quelle occulte qualité en elle l'attirait, mais sitôt la nouvelle de son engagement découverte, il se maudissait d'avoir perdu son temps à soupeser ses raisons. Bras ballants, vit enflé, tête encombrée : le beau tableau clinique du pucelage, avec dix années de retard. Il avait du même coup un prétexte commode pour justifier ses moroses jongleries, et il s'y adonna bientôt sans mauvaise conscience.

Lire la suite...

vendredi 11 septembre 2009

Drieu la Rochelle, Le dépucelage de Gille


En tout cas, ma ruine avait commencé avec ma puberté. Tout à coup des images s'étaient imprimées violemment dans mon cerveau. Mon corps resta intact, c'était une flamme droite, je ne portai jamais la main sur moi, car ce n'était pas le plaisir que je désirais mais la forme des femmes. Mais de bonne heure mon esprit commença de fléchir sous le poids de ces images. Il ne pouvait plus ni les mouvoir ni les chasser : des tableaux vivants tournaient en nature morte. Mon sang inemployé nourrissait un rêve de plus en plus lourd, de plus en plus monotone, qui barrait la route à la souple réalité.

Pourtant j'avais des sursauts d"inquiétude et de révolte. Un jour je n'y tins plus ; il fallait qu'à l'instant même une forme se rendît sensible sous mes doigts.
Je sortis de chez moi, mais ce réveil brutal était lourd de mon sommeil, lourd de mes songes. Je me jetai sur n'importe quoi.
Pourtant, au moment où j'entrai dans la chambre de cette grosse garce, je sus très bien aussi que je cessais d'être fier et qu'avant ce temps qui ne finissait pas de somnolence, il y avait eu des heures de pure sensualité, de vivante divination quand chacune de mes fibres perçait le monde avec une force de racine, auxquelles je renonçais définitivement.

Tandis que je me déculottais, j'étais irrité qu'une personne grossière eût le spectacle de ma déchéance. Le pli de ma bouche lui faisait sentir sans doute qui j'étais et que j'allais faire litière sur son ventre d'un orgueil dont je ne me fais même plus l'idée, aujourd'hui. Néanmoins je me disais qu'une telle grosse femelle était bien assez bonne pour moi, pauvre, réduit par la faim : il me semblait que les femmes plus minces, c'eût été trop délicat.

Lire la suite...

samedi 18 juillet 2009

G. a de beaux yeux

Les noms de lieux, de personnes, de choses et de sentiments ont été modifiés afin de protéger la vie privée de mes personnages imaginaires.



©A.M. Kuchling, Hunting Artemis

Dernier jour à Poitiers avant mon départ estival pour Brest. Il fait chaud. Ma piaule minuscule est fumante de tabac fort et de sueur. C'est un remède peu couteux à l'ennui, une fois le plaisir des deux premières consommé, si bien que je finis par épuiser mes derniers brins de scaferlati. Pendant des heures, j'hésite à franchir ma porte, à descendre pour croiser cette faune puante et surtout bien pléthorique qui me contamine. Finalement, en fin d'après-midi, n'y tenant plus, je me rends à la civette toute proche. Cela fait, j'émiette le tabac frais et sombre entre les tiges rouges et brillantes de ma rouleuse, je me fais une clope bien droite, bien grosse, bien blanche, mais aérée quand même, comme je les aime, l'allume, et la fumant avec volupté, j'en finis du tour de bloc pour rentrer chez moi sans faire demi-tour.

Lire la suite...