Carnets de grenier

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Tag - libéralisme

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mardi 23 février 2010

Houellebecq, une vie de vieux torchon

Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l'amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté des mœurs qui caractérise l’époque moderne. Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants. Un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon. En vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine condamnée à rester inavouable, s’envenime et devient de plus en plus ardente ; puis elle s’amortit et s’éteint, comme tout s’éteint. Il ne reste plus que l’amertume et le dégoût, la maladie et l’attente de la mort.

M. Houellebecq, Extension du domaine de la lutte, J'ai lu, 2001 (Nadeau, 1994 pour l'édition originale), p. 114.

mardi 22 septembre 2009

Démocratie, guerre et totalitarisme


Paul Jamin, Le Brenn et sa part de butin (1893)

Pour qu'on ne confonde pas […] la constitution républicaine avec la constitution démocratique, il faut faire la remarque suivante. […] Le républicanisme est le principe politique de la séparation du pouvoir exécutif (le gouvernement) et du pouvoir législatif ; le despotisme est le principe selon lequel l'État met à exécution de son propre chef les lois qu'il a lui-même faites […]. Des trois formes d'État, celle de la démocratie est, au sens propre du mot, nécessairement un despotisme parce qu'elle fonde un pouvoir exécutif où tous décident au sujet d'un seul, et, si besoin est, également contre lui […]. […] Frédéric II […] disait qu'il était simplement le serviteur suprême de l'État, alors que la forme démocratique rend la chose impossible puisque tous veulent y être le maître.

— I. Kant, Vers la Paix perpétuelle, GF, 1991, trad. J.-F. Poirier & F. Proust, pp. 86-87.


La démocratie a ceci de commun avec la guerre qu'une fois advenue, rien ne se comprend en dehors d'elle. Ce totalitarisme de la guerre, qui fait qu'il n'y a plus, essentiellement en tout cas, ni civil, ni crime, ni terrorisme, mais seulement la guerre, ce totalitarisme est le même que celui qui fait qu'il n'y a plus d'opinion, plus de liberté d'être ou ne pas être concerné, informé, compétent, probe ou vertueux en démocratie.

Les opinions s'incarnent : chaque pensée libre, chaque être dans sa vertu et ses vices ne sont jamais qu'un vote en puissance. Chacun se doit d'être digne de l'insigne responsabilité que cette constitution fait peser sur lui ; et qui n'en est pas digne, c'est-à-dire, dans les faits, la plupart, n'est pas tant un malheureux qu'un nuisible imbécile qui sera amené à faire reposer sa bêtise personnelle sur chaque citoyen par le biais du suffrage universel. Il n’y a plus de vices véniels, plus de droit à la faiblesse : il n'y a plus que l'éreintante nécessité d'être digne du pouvoir suprême, du pouvoir politique. Chaque médiocre est un ennemi, puisque la majorité imbécile déclare sans le savoir la guerre à tous les individus qui, échappant à l'entonnoir libéral, préfèrent se soumettre à des règles personnelles contraignantes pour s'arracher à l'état semi-animal qui est celui du citoyen ordinaire dans ce régime du caprice et de l'arasement de l'homme.

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mercredi 5 août 2009

Première fournée de l'hyper abécédaire négatif

Plus d'une quarantaine de liens dûment sélectionnée et ordonnée pour commencer.


« "Formation, éducation, culture, aménagement du territoire, émancipation, protection, développement durable, agriculture, forums participatifs, maternité, imaginer Poitou-Charentes autrement, imaginer la France autrement, imaginer autrement autrement."
Apprenez cela par cœur, je vous en prie, vous gagnerez du temps. […] Quant à la part maudite, elle aura le droit de s’exprimer, bien sûr, mais seulement aux heures de récréation. »
— Ph. Muray, Le Sourire à visage humain, Les Belles Lettres.




On ne passe pas


Avertissement : La page qui suit est destinée à être actualisée périodiquement, par ajout de nouveautés ou de vieilleries ayant échappées à ma vigilance citoyenne. Certains textes de mon goût sont aussi devenus totalement introuvables et feront peut-être l'objet d'un hébergement autonome, si j'ai le temps de m'occuper de cela. Libre à vous de me proposer d'autres chose qui vous paraissent fondamentale, et oubliées.

  • A

A comme adieu : Bref extrait de l'ouvrage du Général Bigeard, Adieu ma France, paru aux éditions du Rocher, sur le site de François Desouche.

A comme anti-fascisme : Texte tiré de l'émission Répliques d'A. Finkielkraut, diffusée le 29 septembre 2007 sur France Culture, dans lequel Lionel Jospin fait un sort à l'anti-fascisme d'origine mitterrandienne, repris sur François Desouche.

A comme antiphrase : Réjouissante lettre ouverte de feu Serge de Beketch au président du MRAP, « Punissons tous les racistes », sur Bien dégagé derrière les oreilles.

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