Carnets de grenier

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samedi 6 mars 2010

Je m'aime, moi non plus

Un fait, pour commencer : les Français ne s'aiment pas. C'est un fait général, mais un des grands propos de ce blogue est de montrer qu'aujourd'hui comme toujours, selon le mot d'Aristote, il n'y a de science que du général (Seconds Analytiques, I, 31, 87b, 35 sq., Tricot dit universel plutôt que général.) Deux interprétations s'opposent, et m'ont longtemps semblé partiellement vraies ; jusqu'à ce qu'il me semble avoir trouvé le sens d'un tel paradoxe apparent, c'est-à-dire la raison unique et sous-jacente qui lie ensemble les deux termes de l'opposition.

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jeudi 1 octobre 2009

Généralités II : de leur nécessité


« Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens. »
— Attribué à Arnauld Amalric , pendant le sac de Béziers.


Sac de Béziers.

Rappel : Généralités I : de leur possibilité.

Nous n'avons fait jusqu'ici que rendre légitime la question de la généralité, en écartant le totalitarisme moral (c'est mal) ou logique (l’existence de cas particuliers exclut de fait toute généralité acceptable). Reprenons le problème de façon plus positive. En quoi généraliser est nécessaire ? Nous avons évoqué « l'embouteillage nominaliste » : détournons, pour expliciter plus précisément ce que recouvre l'expression, une des formes de pensées les plus utilisées pour étayer ce nominalisme épais.


« […] ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connusse évidemment être telle ; c'est-à-dire […] éviter soigneusement la précipitation et la prévention, et de ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute. […]
Ces longues chaînes de raisons, toutes simples et faciles, dont les géomètres ont coutume de se servir pour parvenir à leurs plus difficiles démonstrations, m’avaient donné occasion de m’imaginer que toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes s’entresuivent en même façon, et que […] il n'y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu'on ne découvre.  »

— R. Descartes , Discours de la méthode, deuxième partie.


C'est d’un tel appel au canon géométrique que le refus commun de s’appuyer sur toute généralité semble tirer sa légitimité. D'aucuns imaginent en effet que la méthode scientifique — mal comprise — permettrait une réforme définitive de tout mode de pensée non scientifique, c'est-à-dire que la rigueur méthodologique de type scientifique permettrait aux sciences humaines de sortir du laïus pour entrer dans le domaine balisé du discours véridique.

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