Borrell del Caso, « Échapper à la critique ».

Rappels :
Généralités I : de leur possibilité.
Généralités II : de leur nécessité.




Voici donc la généralité rétablie dans sa dignité : elle est possible — car elle supporte et suppose l’exception, en ce qu'elle n’est pas logique dans sa nature — et même nécessaire — car nous ne saurions prendre le temps d’examiner chaque objet du monde pour plonger jusqu’au cœur de son essence propre : nous devons au contraire nous hâter de vivre et de juger.

Nous sommes finis : nous seulement car nous sommes mortels, et que notre temps pour penser et agir est limité, mais aussi parce que notre esprit ne contemple pas directement le vrai, mais peut seulement le chercher dans un jeu dialectique, indirect, réfléchi. La question du temps mis à part, si notre entendement était sans limites, il n’y aurait rien à approcher, rien à déjouer : nous nous contenterions de cette contemplation sans intermédiaire. Mais puisque nous sommes loin de posséder cette faculté d’intuition surnaturelle, nous devons nous contenter, le plus souvent, de ne pas voir l’essence dernière des choses que nous étudions.

Sur quoi s’appuient nos connaissances, si l’essence est invisible, et qu’il est nécessaire de faire comme si elle était ne l'était pas ? Nul n'étant tenu à l'impossible, il faut en passer par la croyance aux phénomènes, autrement dit par l’apparence.