Carnets de grenier

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mercredi 5 janvier 2011

N. Sarkozy, Le métissage contraint

Paint it Black

Discours de Nicolas Sarkozy à l’École polytechnique, le 17 décembre 2008.

Quel est l’objectif ? Cela va faire parler, mais l’objectif, c’est relever le défi du métissage ; défi du métissage que nous adresse le XXIe siècle. Le défi du métissage, la France l’a toujours connu et en relevant le défi du métissage, la France est fidèle à son histoire. D’ailleurs, c’est la consanguinité qui a toujours provoqué la fin des civilisations et des sociétés. Disons les choses comme elles sont, jamais le métissage. La France a toujours été, au cours des siècles, métissée. La France a métissé les cultures, les idées, les histoires. Et l’universalisme de la France n’est rien d’autre que le fruit de ce constant métissage qui n’a cessé de s’enrichir d’apports nouveaux et de bâtir sur tant de différences mêlées les unes aux autres un sentiment commun d’appartenance et au fond un patrimoine unique de valeurs intellectuelles et morales qui s’adressent à tous les hommes. La France, dans son histoire, ce sont des hommes tellement différents qui sont venus constituer la France. La France qui a su métisser ses cultures et ses histoires, en a construit, produit un discours universel parce qu’elle-même, la France, se sent universelle dans la diversité de ses origines.

Mesdames et Messieurs, c’est la dernière chance. Si ce volontarisme républicain ne fonctionnait pas, il faudra alors que la République passe à des méthodes plus contraignantes encore, mais nous n’avons pas le choix. La diversité, à la base du pays, doit se trouver illustrée par la diversité à la tête du pays. Ce n’est pas un choix. C’est une obligation. C’est un impératif. On ne peut pas faire autrement au risque de nous trouver confrontés à des problèmes considérables.

lundi 28 septembre 2009

Généralités I : de leur possibilité


Tous Pareils ! (c'est plus simple)

Ante-Scriptum : Afin de comprendre d'où l'on veut en venir, un rappel général et synthétique.

Halte aux généralisations hâtives ! Tel est le credo bien fidéiste de notre époque sans foi, comme une jolie fille nue qui n'ose se montrer, dirons-nous en citant Jacques Prévert. Mais une telle déclaration demeure trop complexe, trop réfléchie, en un mot, trop proche encore du réel, c'est-à-dire pas assez morale. Ce que nous dirions ce jour même, touchant les questions de généralités, de clichés, d'amalgames, se réduirait plutôt à ceci : c'est mal.

Tout est là, malheureusement. Dans un mouvement délirant d'entonnoir, de siphon de chiottes publiques, le nominalisme le plus grossier, c'est-à-dire le plus moralisateur, le plus conforme à l'invraisemblable simplisme de l'époque se résume en effet à cet anathème fait argument. Jean Roscelin s'en retournerait probablement dans sa tombe, s'il n'était pas déjà plié en quatre par le sérieux pathologique avec lequel ce beau monde qui crache sur le christianisme et toute sa subtilité casuistique a ressuscité le zombie méconnaissable du manichéisme. Tout ce qui n'est pas bon est mauvais, tout ce qui n'est pas mauvais est bon, et rien n'est exclu de cette alternative. Voilà donc la forme complète et développée de toute pensée morale actuelle chez le quidam, encore renforcée par la réduction de tout ce qui n'est pas tout à fait voire pas du tout moral (politique, recherche scientifique, philosophie) à la morale elle-même.

L'existence des races ? Ce n'est pas une question scientifique, mais bien une hérésie. La realpolitik ? Pas un problème politique, mais encore un oubli de la morale. La valeur esthétique du rap ou de l'art contemporain ? Pas un jugement esthétique, mais l'expression d'un fascisme rampant — le terme n'étant d'ailleurs jamais pris dans son acception politique, mais bien éthico-curetonnante. Libre à vous de faire la liste de ces glissements, elle est sans doute infinie pour peu qu'on détaille les questions que chacun d'entre ceux-là impliquent, en tout cas, elle ne cesse, jour après jour, de s'allonger.

La question de la généralisation doit exister de fait : parce qu'il faut bien penser la diversité des cas particuliers sous une idée générale, sans pour autant tomber dans le schématisme le plus grossier. Autrement dit : il faut sans cesse manœuvrer entre l'embouteillage nominaliste (tout est particulier, il faut tout penser au cas par cas) et l'aveuglement idéaliste (il n'y a que des règles générales, et aucun cas particulier). Dans le premier cas, il faudrait tout examiner jusqu'à la fin des temps avant d'agir ou de juger de quoi que ce soit avec une légitimité minimale, dans le second, on substitue à la réalité un cliché monochrome dans lequel tout est toujours tout blanc ou tout noir, toujours vrai ou toujours faux.

Ces deux erreurs, dans leur essence, n'en font d'ailleurs qu'une. Qui serait assez sot pour soutenir qu'il existe, hors la logique, des cas dans lesquels les lois générales sont simplement universelles et n'acceptent aucune exception ? Seuls ceux qui croient qu'il n'y a, d'un côté, que de l'universel, et de l'autre qu'une inclassable diversité. Autrement dit : des logiciens devenus fous comme notre époque en chie à la chaîne, sous les efforts cumulés d'une éducation-nationale-cul-bénie et d'une sous-culture moralisatrice.

Grâce à ce long processus de lavage de cerveau — et du colon — sans cesse recommencé, tout adulte en âge de donner son avis est selon toute vraisemblance acquis à tous les préceptes ridicules de l'égalité réelle, du relativisme dogmatique et de la foi-qui-n'ose-pas-dire-son-nom, et ne se prive pas de le faire savoir, dans un concert parfumé de flatulences onctueuses. On est pas loin du primitif Maman, viens voir le gros caca que j'ai fait : rien de ce qui se tire du modernisme béni ne saurait être en effet être dégoûtant ; l'époque est coprophage comme elle est infantile et narcissique. Aussi acquiesce-t-elle toujours : Oh mais tu en as fait un beau caca, maman est fière de toi mon chéri !

Ainsi, dire qu'il n'y a pas de règle sans exception, c'est empêcher, par principe, qu'il y ait ne serait-ce qu'une règle en dehors de la logique ; c'est aussi mécomprendre tout à fait ce qu'est une règle. L'exception confirme la règle : l'adage n'est ni stupide ni gratuitement paradoxal, il dit simplement qu'une règle générale, par définition, admet des exceptions, sans quoi, il n'y a pas de règle générale, mais bien une loi universelle. Il peut bien y avoir des pygmées géants, des femmes à barbe ou des Africains bridés : est-ce pour autant qu'on ne peut rien dire d'inverse, en général, concernant ses congénères ?

Sitôt prévenu de ces extrémismes absurdes et qui ne font qu'un, l'espace intellectuel est disponible pour une enquête empirique — et quant à elle, enfin potentiellement délivrée des a priori —, qui réponde à ces questions générales tout en les laissant ouvertes. Nous y reviendrons bientôt.



À venir : Généralités II : de leur nécessité.

lundi 14 septembre 2009

France–Afrique du Sud


Rembrandt, Le Fils prodigue.


Au terme d'une soirée bien arrosée, une jeune fille, étudiante en anthropologie, dit vouloir faire un voyage à Johannesburg, « histoire de voir »… Outre Constant, sont présents F., qui se définit comme anarchiste, et dit « ne pas aimer la politique, sauf Noël Mamère » ; et K., pas très bavard, qui n'aime que les jeunes filles belges, mais pense « qu'on est tous pareils, et que les races, c'est de la connerie ».

La jeune fille : Maintenant les choses changent là-bas, ils appliquent la discrimination positive.


Les deux autres trouvent ça formidable, ils sont heureux. On dirait qu'ils l'ont décidée, cette discrimination. « Je m'en félicite », dirait un politique.

Constant : Deux injustices ne font pas une justice.

F., franchement irrité : Bon, ça va, arrête tes conneries. Tu vas dire que c'est normal ce qu'on a fait là-bas ?

C. : J'ai rien fait là-bas, ni vous non plus d'ailleurs.

F. : D'accord, ce que les blancs ont fait aux noirs, si tu veux jouer au petit malin. Tu trouves ça normal, tu vas dire que c'est l'Histoire encore, c'est bien ça ? Mais c'est une Histoire qui a à peine quinze ans. Les noirs doivent reprendre ce que les blancs leur ont pris.

C. : C'est vrai que c'est tout frais. Mais l'égalité dans la loi ayant été proclamée, il ne faut pas pour autant rendre coupable les jeunes nés de lignées de colons responsables de tous les maux de cette société, ni surtout de ceux causés par leurs ancêtres.

F. : Il faut bien que ça change non ? Alors il faut que les noirs prennent des postes de responsabilité. On enlève un blanc, on met un noir ; il faut qu'ils reprennent ce qui leur appartient, qu'ils redeviennent fiers de ce qu'ils sont.

C., badin : Il faut que les noirs prennent la place des blancs ? Mais tu as une vision raciste des choses.

F. explose : Et ce qui s'est passé avant, ce que les blancs leur ont fait, c'est pas du racisme peut-être !?


Le chœur reprend les bonnes paroles.

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dimanche 6 septembre 2009

Dialogue inter-ethnique

La solution.


À P., 22 h 30. M., bite-sur-pattes d'une amie un peu conne, mais peut-être gentille. Je crois qu'elle aime se faire taper dessus. Il lui faudrait un psychiatre — elle a préféré un arabe qui lui défonce le cul —, et sans doute aussi la gueule. Tout cela se déroule avec en gros plan sa face grimaçante de bougnoule-clochard atteint du syndrome du maître-du-monde-au-RMI, doublée de ce détestable et typique accent de hyène convulsive. Des efforts ont été faits afin de rendre l'ensemble des propos du personnage compréhensible.

M. (consonnance arabe) : C'est toi l'raciste ?

Constant : Je pense que c'est bien moi.

M. : Vas-y, c'est trop con. Pourquoi t'es raciste ? [Plus bas] On va parler doucement pour pas que les autres entendent.

C. : C'est ce qu'on dit de moi, je ne me présente pas comme ça. Regarde, je suis là, je ne suis pas parti, je te parle.

M. : Pourquoi t'es raciste ?

C. : Je suis réactionnaire.

M. : Vas-y, explique-moi.

C. : Je n'aime pas le monde de maintenant. Je pense que le monde était mieux autrefois.

M. : Autrefois, quand autrefois ?

C. : Dans l'Antiquité, à la Renaissance.

M., éructant : L'antiquité, la renaissance… toi t'étais où ? Toi, t'étais où ? T'es n'importe quoi. J'ai entendu parler de toi, on m'a dit : lui… mais toi t'es de la merde. T'es n'importe quoi. Pourquoi t'es raciste ?

C. : … Je n'aime pas quand on dit des gens des banlieues : « C'est pas de leur faute, ils ont beaucoup souffert. »

M., l'air de plus en plus mauvais : C'est n'importe quoi… [Me touchant le ventre] Tu manges des saucisses toute la journée, toute la journée… tu chies de la merde toute la journée…

C.  : T'es pédé en plus ?

M. : Vas-y, je veux pas te parler. Je suis foncedé.

[Le « dialogue » — terme journalistique pour parler d'agression non encore physique, quand c'est un arabe qui prend l'initiative — s'interrompt, et le sous-homme va baver à d'autres. Quelques minutes se passent.]

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