Hergé, Quick & Flupke

On prend quelques vacances et tout s'éclaire. Maintenant que je n'ai plus à supporter tout ce que je déteste, je m'en fous et je comprends comment j'ai pu faire pour ça pendant si longtemps. Je comprends surtout tous les moralistes du bon sentiment qui m'en veulent de ne pas supporter ce qu'ils supportent eux-mêmes – belle tolérance que voilà ! En réalité ils ne supportent rien, ils s'en foutent seulement. Comme c'est pratique et reposant de faire mine d'acquiescer à ce qu'on ignore !

Il y a plus d'acceptation dans mes vitupérations haineuses que dans leur inconscience, car lorsque je hais, je suis plus proche du réel que quand ils aiment… leur amour est formel (les étrangers en soi, les minorités opprimées en soi… mais les étrangers véritables, qu'on croise dans la rue, rue de Marseille à Lyon, à Bordeaux Nord, à Chapelle ou dans les quartiers du Nord de Marseille ? Mais le refus de s'intégrer, la volonté de donner honte à la majorité qui refuse d'en accepter plus tandis qu'elle n'a rien demandé, ça c'est autre chose…)

Qu'on touche deux mots de la culture arabe pour dire que c'est quelque chose de merveilleux, et on acquiescera. Qu'on dise autre chose, même avec grande modération et retenue, et on se récriera sur l'air de l'évidence : mais enfin, ce dont vous parlez n'existe pas. C'est qu'on joue les Arabes en soi contre les Arabes réels quand le réel est moche, mais quand on croit voir quelque chose de bon dans les Arabes tels qu'ils sont ou même dans l'idée qu'on s'en fait, là les portes sont ouvertes à toutes les gâteries baveuses. Étrange réalité qui ne supporte que d'être louée, et pas flétrie ! Soit les choses sont bonnes et alors elles existent, soit elles ne le sont pas, et sont alors illusoires, et toute idée de jugement est rejetée. Juger l'autre autrement qu'en bien ? Mais enfin, vous n'y pensez pas ! Dire du bien de ce qu'on ignore, ça par contre…