Rembrandt, Le Fils prodigue.


Au terme d'une soirée bien arrosée, une jeune fille, étudiante en anthropologie, dit vouloir faire un voyage à Johannesburg, « histoire de voir »… Outre Constant, sont présents F., qui se définit comme anarchiste, et dit « ne pas aimer la politique, sauf Noël Mamère » ; et K., pas très bavard, qui n'aime que les jeunes filles belges, mais pense « qu'on est tous pareils, et que les races, c'est de la connerie ».

La jeune fille : Maintenant les choses changent là-bas, ils appliquent la discrimination positive.


Les deux autres trouvent ça formidable, ils sont heureux. On dirait qu'ils l'ont décidée, cette discrimination. « Je m'en félicite », dirait un politique.

Constant : Deux injustices ne font pas une justice.

F., franchement irrité : Bon, ça va, arrête tes conneries. Tu vas dire que c'est normal ce qu'on a fait là-bas ?

C. : J'ai rien fait là-bas, ni vous non plus d'ailleurs.

F. : D'accord, ce que les blancs ont fait aux noirs, si tu veux jouer au petit malin. Tu trouves ça normal, tu vas dire que c'est l'Histoire encore, c'est bien ça ? Mais c'est une Histoire qui a à peine quinze ans. Les noirs doivent reprendre ce que les blancs leur ont pris.

C. : C'est vrai que c'est tout frais. Mais l'égalité dans la loi ayant été proclamée, il ne faut pas pour autant rendre coupable les jeunes nés de lignées de colons responsables de tous les maux de cette société, ni surtout de ceux causés par leurs ancêtres.

F. : Il faut bien que ça change non ? Alors il faut que les noirs prennent des postes de responsabilité. On enlève un blanc, on met un noir ; il faut qu'ils reprennent ce qui leur appartient, qu'ils redeviennent fiers de ce qu'ils sont.

C., badin : Il faut que les noirs prennent la place des blancs ? Mais tu as une vision raciste des choses.

F. explose : Et ce qui s'est passé avant, ce que les blancs leur ont fait, c'est pas du racisme peut-être !?


Le chœur reprend les bonnes paroles.