M.C. était menue et enfantine, intelligente et d'une douceur suspecte. Discrète à l'excès, si l'on excepte ce rire étouffé qu'elle laissait échapper le plus souvent sans raison suffisante. Que cette gaîté candide excitât en lui l'instinct paternel ou celui de reproduction, il n'avait plus pu, dès lors, que tomber insensiblement dans ses rets diaphanes. Ne l'aurait-il pas presque tuée dans ses habituelles furies viriles ? Elle n'avait pas l'air très solide, et quant à lui, sa mécanique était telle qu'il ne lui semblait pas possible d'honorer sans briser l'admirable petit cul.

Que cet être blanc et faible eut pu le piéger sans retour, voilà qui ne cessa bientôt de le tracasser ; pour comprendre cette erreur-là, il en fit bientôt une autre qui transforma l'inquiétude en supplice. S'étant rendu intime du jeune esprit afin de saisir la raison de son attirance, il avait attisé le feu couvant du bûcher qui lui dévorait bientôt la cervelle. Heureuse de ce regain d'intérêt, la naïve parque sembla croire à la mythique amitié platonique, tandis que Constant maudissait la Création d'avoir ainsi joint en son corps un cœur à un pénis. C'est qu'elle était par-dessus le reste sensible et sujette sans doute à souffrir de la vérité toute crue du désir interlope de son aîné. Il n'était plus question pour lui d'avouer son envie de la sauter, ni d'ajouter qu'elle lui semblait une petite sœur adorable, mais qu'il préférait tout autant relâcher une proie à l'attention déjà distraite.

C'était trivialement dit un fameux bordel, et malgré les efforts de Constant pour détourner le cours de ses échauffements vers une commode salope plus à sa mesure, il se mit à rêver fréquemment que la jeune poule lui parlait, la bouche propre et sèche, de philosophie et qu'elle buvait ses paroles comme le catéchumène celle d'un évêque. Le plus beau de l'histoire était que ces oniriques socratisations ne faisaient que suivre la diurne réalité de leur relation, et il fut doublement affecté d'ainsi rêver de ce qui était déjà réel, et de ne pas parvenir à la foutre même en rêve.

Le nœud coulant de cette histoire était qu'un être rigide et tendre tel que lui avait un besoin profond de tâter de cette lumineuse fraîcheur et d'imprimer sa marque tranchée dans la vierge cire de semblable poulette. Sa propre virulence l'avait en effet condamné à adosser ses doutes remuants à un inconditionnel amour de soi qui l'obligeait maintenant à répondre sans condition à toute authentique admiration venue d'une jolie et brillante jeune fille. Les circonstances lui faisaient enfin découvrir les joies difficiles d'une telle rencontre, et les faiblesses encore inaperçues de son système.