À P., 22 h 30. M., bite-sur-pattes d'une amie un peu conne, mais peut-être gentille. Je crois qu'elle aime se faire taper dessus. Il lui faudrait un psychiatre — elle a préféré un arabe qui lui défonce le cul —, et sans doute aussi la gueule. Tout cela se déroule avec en gros plan sa face grimaçante de bougnoule-clochard atteint du syndrome du maître-du-monde-au-RMI, doublée de ce détestable et typique accent de hyène convulsive. Des efforts ont été faits afin de rendre l'ensemble des propos du personnage compréhensible.
M. (consonnance arabe) : C'est toi l'raciste ?
Constant : Je pense que c'est bien moi.
M. : Vas-y, c'est trop con. Pourquoi t'es raciste ? [Plus bas] On va parler doucement pour pas que les autres entendent.
C. : C'est ce qu'on dit de moi, je ne me présente pas comme ça. Regarde, je suis là, je ne suis pas parti, je te parle.
M. : Pourquoi t'es raciste ?
C. : Je suis réactionnaire.
M. : Vas-y, explique-moi.
C. : Je n'aime pas le monde de maintenant. Je pense que le monde était mieux autrefois.
M. : Autrefois, quand autrefois ?
C. : Dans l'Antiquité, à la Renaissance.
M., éructant : L'antiquité, la renaissance… toi t'étais où ? Toi, t'étais où ? T'es n'importe quoi. J'ai entendu parler de toi, on m'a dit : lui… mais toi t'es de la merde. T'es n'importe quoi. Pourquoi t'es raciste ?
C. : … Je n'aime pas quand on dit des gens des banlieues : « C'est pas de leur faute, ils ont beaucoup souffert. »
M., l'air de plus en plus mauvais : C'est n'importe quoi… [Me touchant le ventre] Tu manges des saucisses toute la journée, toute la journée… tu chies de la merde toute la journée…
C. : T'es pédé en plus ?
M. : Vas-y, je veux pas te parler. Je suis foncedé.
[Le « dialogue » — terme journalistique pour parler d'agression non encore physique, quand c'est un arabe qui prend l'initiative — s'interrompt, et le sous-homme va baver à d'autres. Quelques minutes se passent.]